APPEL Cœur du Jura
Lettre de Scolopax n°7
Bonjour,
Dans ma 2e lettre, j'ai pointé du bec la constante du mensonge qui semble tristement caractériser le monde de l'éolien : soit on cache la vérité, soit on fait le contraire de ce que l'on dit ; c'est l'insupportable « en même temps », hélas très en vogue dans les communications actuelles.
Je vous en ferai régulièrement la démonstration au travers d'une série de « Bienvenue en Absurdistan ». Aujourd'hui, je prendrai l'exemple des forêts que l'on sacrifie au profit de parcs éoliens.
Bien que les forêts doivent être considérées comme des sanctuaires inviolables en raison de la réserve de biodiversité, du puits de carbone et de la source d'énergie renouvelable qu'elles représentent, l'Etat permet que des promoteurs les détruisent en contre-partie du versement d'une indemnité au Fonds stratégique de la forêt et du bois (FSFB) ou de la plantation d'une surface au moins équivalente à celle coupée. On notera l'idée saugrenue de payer le déplacement hors de son milieu d'un morceau de forêt pour installer des éoliennes dans une zone déboisée !
Alors que la loi Climat et Résilience du 22 août 2021 fixe l'objectif « zéro artificialisation nette des sols » en 2050 et prévoit dans cette optique de réduire de moitié d'ici 2031 la consommation des espaces naturels agricoles ou forestiers, nombre de communes flairant l'argent facile bien qu'hasardeux n'hésitent plus à industrialiser leur forêt en y implantant des éoliennes mesurant jusqu'à 6 fois la taille de leur plus hauts épicéas et nécessitant le défrichement (définitif) et le déboisement (normalement temporaire) d'une superficie non négligeable. Ainsi, le dossier de demande d'autorisation environnementale du parc éolien de Brotte-lès-Ray (70), déposé par Eurowatt en 2020, indique par exemple le besoin d'occuper environ 4Ha pour la mise en œuvre des 4 éoliennes prévues et de leur plateformes, des chemins à renforcer/créer et des postes de livraison ainsi que la nécessité de défricher une environ 3000 m2 et de déboiser environ 6000 m2 par éolienne située en forêt, soit l'équivalent moyen d'un terrain de foot de rang national.
Tandis que la Municipalité d'Arbois, comme celles d'autres centres urbains, développent des projets de végétalisation des places en vue de créer des îlots de fraîcheur, elle se lance dans le même temps dans un projet éolien entièrement prévu en forêt, réduisant ainsi, par les coupes nécessaires à ce dessein, l'effet anti-chaleur de la forêt sur le secteur et d'une autre ampleur que les quelques arbustes plantés sur l'ex-gendarmerie.
L'étude américaine parue dans The Guardian du 17 février 2024 montre que planter des arbres est le moyen le plus efficace de lutter contre le réchauffement climatique, ce n'est donc pas en détruisant les forêts pour y mettre des éoliennes inefficaces (j'y reviendrai), que nous y parviendrons.
A bientôt,
Scolopax