APPEL Cœur du Jura
Lettre de Scolopax n°12
Bonjour,
De retour de ma migration estivale sur les flancs de l'Oural, je découvre que l'association Vent du Grimont, non contente de corrompre l'esprit ignorant de scolaires et d'élus locaux sur l'éolien, racolait encore cette année, à l'occasion (comble de l'ineptie) des Journées européennes du Patrimoine, depuis son site internet, le badaud pour venir visiter l'éolienne « citoyenne » de Chamole et constater combien « Le modèle citoyen qu’elle véhicule est un vrai exemple pour faire de l’énergie une cause portée par les habitants d’un territoire. »
Citoyenne par-ci, citoyen par là, le galvaudage insupportable de ce terme par mes adversaires me font prendre de nouveau la plume pour dénoncer avec entrain la supercherie entourant l'éolienne « citoyenne » de Chamole.
Premièrement, rappelons que ce n'est pas une démarche citoyenne qui est à l'origine de la création du parc de Chamole mais bien une opération mercantile du développeur allemand INTERVENT (aspiré par ALTARRIC en mars 2024) comme l'atteste le site de l'éolienne citoyenne de Chamole :
« Un jour d’avril 2007, Jean-Louis Dufour, Maire de Chamole reçoit la visite d’un inconnu à la recherche de lieux pour implanter des éoliennes dans la région. Dans le métier, cet inconnu s’appelle un « développeur ». Sa société s’appelle INTERVENT. »
Deuxièmement, lorsque le promoteur dépose le dossier du projet en 2012 et lorsque la préfecture l'autorise en 2015, la participation citoyenne n'est encore qu'un rêve entretenu par une poignée d'individus. Ainsi lit-on dans la Déclaration d'Utilité Publique :
« La société INTERVENT qui travaille en partenariat avec la société allemande de fabrication d’éoliennes ENERCON sollicite par l’intermédiaire de sa branche d’exploitation la SEPE de SABINE [...] l’autorisation préfectorale d’exploiter un parc de neuf éoliennes d’une puissance totale de 23 MW sur le territoire de la commune de Chamole. »
A ce stade, tout est détenu par un trust allemand : En effet, c'est bien la société INTERVENT qui constitue et dépose, en son nom propre, le dossier et sollicite l'autorisation préfectorale pour le parc dans sa totalité.
C'est bien la société ENERCON qui doit constuire le parc dans sa totalité. (et même pour 3 de plus!)
C'est bien sa filiale SABINE qui doit exploiter le parc dans sa totalité.
Aucune mention n'est faite d'une quelconque implication des citoyens dans l'une des trois étapes présentées.
Troisièmement, ce n'est que 8 ans après les premières démarches, en 2015, que commence réellement l'implication des citoyens avec la fondation des premiers clubs d'investissement puis de la coopérative citoyenne Jurascic et de la SEM EnR Citoyenne l'année suivante (cf. organigramme). Leur rôle ? Donner leur argent pour financer l'une des six éoliennes. Sur les 5 millions que coûtent l'éolienne, les clubs, la SEM EnR Citoyenne et la commune de Chamole n'apportent à eux trois que 650 000 €, soit 13% du financement. Le reste repose sur un emprunt contracté à la Banque publique d'investissement.
Le rôle des citoyens est donc tout relatif.
Quatrièmement, il ne faut pas moins de 5 ans à l'association Vent du Grimont, fondée en 2011, pour mobiliser, à grand coup de propagande, 600 citoyens (sur une population intercommunale de 21 500 habitants) pour investir dans le financement de l'une des éoliennes.
Nous sommes donc loin du vent d'enthousiasme général des habitants du territoire parfois évoqué.
Cinquièmement, ce n'est qu'en 2018, année de l'inauguration du parc, qu'ENERCON cède aux citoyens la société SABINE2, créée en 2016 pour exploiter ce qui deviendra l'éolienne « citoyenne ». ENERCON conserve en outre l'entretien et la maintenance de la fameuse éolienne dite « citoyenne », la société SABINE2 n'ayant pas les compétences techniques pour cela. Autrement dit, c'est bien ENERCON qui gère toujours le parc en totalité.
En résumé, l'implication anecdotique des citoyens à l'échelle du parc de Chamole, n'aura rien enlevé à la mainmise du trust allemand sur lui et n'aura eu, in fine, qu'un seul rôle : celui de mieux faire adhérer au projet la population, au mieux indifférente au pire dubitative, mais parmi laquelle s'élevait déjà, notamment lors de l'enquête d'utilité publique, des voix hostiles.
J'achèverai donc cette lettre en parodiant un refrain qu'utilisait la Résistance contre Radio Paris, un média alors à la solde de l'Occupant : « Radio Chamole ment, radio Chamole est allemand ! »
A bientôt,
Scolopax